jeudi 23 avril 2009

mdem24f . tables de mortalité . rappels de cours .


A. DISTINCTIONS FONDAMENTALES
> finalité : présenter de manière suggestive, les conditions de mortalité mésurées par une loi de mortalité.
>il est important de ne pas faire de confusion entre "LOI" et "TABLE" de mortalité, et plus généralement, LOI et TABLE d'un processus démographique.
>la construction d'une table de mortalité nécessite la connaissance préalable de la loi de mortalité, dont elle donnera une "représentation". La loi de mortalité est évaluée à partir des observations de la situation effective, la table de mortalité est une simulation construite à partir de la loi de mortalité. Les deux schémas qui permettent de visualiser les étapes de la méthode de description de la mortalité.

>pour vous y retrouver dans la suite, il faudra comprendre :
  • la notion de "LOI" de mortalité comme MESURE du PROCESSUS avec l'idée de mesure d'un processus probabiliste . elle se présente sous la forme d'une suite de risques de mortalité d'âge en âge (quotients), chaque quotient étant évalué à partir des observations de mouvement et d'état de la population considérée.
  • la notion de TABLE de mortalité comme SIMULATION des EFFETS du PROCESSUS, avec l'idée de simulation des effets d'une loi de mortalité sur une cohorte imaginaire . elle se présentée sous la forme d'une série de survivants à chaque anniversaire et (ou) d'une série de décès par âge . Les deux séries étant construites à partir de la loi de mortalité considérée.
B. IMPORTANCE DE CES DISTINCTIONS :
>les distinctions que nous venons de poser sont absolument essentielles à la bonne compréhension de la suite. Elles définissent les conditions de signification, et donc les possibilités et les limites d'interprétation des données numériques, produites par les démographes, pour décrire la mortalité.
>votre attention est attirée une nouvelle fois sur le fait que toutes les valeurs numériques ont en commun d'être des valeurs numériques, et de ne se distinguer que par les conditions de leur interprétation qui n'est parfois indiquée que par le contexte. Il vous faudra être très attentifs à distinguer les valeurs numériques qui "nombrent" des notions différentes.
> dans l'étude de la mortalité — comme dans l'étude de tout processus — nous aurons affaire à trois grandes classes de quantités numériques :
  1. celles qui se comprennent comme dénombrement d'observations (données de mouvement et d'état de la population)
  2. celles qui sont des mesures probabilistes du processus (quotients de mortalité, de survie)
  3. celles qui se comprennent comme résultats de la simulation d'une loi de mortalité sur une cohorte fictive. (survivants et décès de table)
> dans le travail concret, devant tout tableau de donnéesdémographiques, il faudra naturellement replacer les quantités numériques rencontrées dans leur cadre d'interprétation. Cela est une condition absolument nécessaire en préalable à tout travail en démographie (mais aussi plus généralement en sciences humaines lorsqu'il est est question de "données numériques").
C. LE SCÉNARIO D'UNE TABLE DE MORTALITÉ
La table de mortalité raconte une fiction : l'histoire d'un groupe de personnes, dont nous imaginons la naissance, et qui , dès leur naissance vont être "soumises" à une loi de mortalité particulière.

Les résultats de la table de mortalité devront donc se lire au conditionnel, comme : "ce qu'on observerait si ..." un groupe humain mourrait selon une certaine loi de mortalité.

L'histoire que raconte la table de mortalité comporte une centaine d'épisodes : nous suivrons le groupe d'anniversaire en anniversaire, de la naissance à l'extinction complète du groupe, soit sur une durée d'environ un siècle. L'histoire dela cohorte est une longue histoire. Mais cet histoire est sans suspens : les effectifs du groupe, dont les aventures se limitent aux effets de la seule mortalité, ne peuvent que diminuer d'âge en âge. D'un âge à l'autre la question sera invariablement : combien, parmi les survivants décèderont avant l'anniversaire suivant, et combien l'atteindront.

Il est important de noter que la cohorte est soumise à la loi de mortalité et à elle seule. Aucun autre phénomène que la mortalité n'intervient dans l'histoire de la cohorte fictive. C'est à dire que les seuls destins possibles d'un anniversaire à l'autre sont : mourir ou ne pas mourrir.

C'est pourquoi l'effectif de personnes survivantes à l'anniversaire x se partagera en deux catégories :

* les survivants à l'anniversaire suivant
* et les décédés avant l'anniversaire suivant.

Notons également que le scénario est sans surprise : la fin est très prévisible, elle est certaine, la loi de mortalité est implacable : tous les membres du groupe finiront par disparaitre. La table de mortalité est une table d'extinction de la cohorte.

C'est pourquoi, le total des décès de la table sera égal à l'effectif du groupe à la naissance. On peut donc considérer la série des décès de la table comme la distribution de l'ensemble des individus du groupe imaginaire selon l'age au décès.
D. LECTURE(S) D'UNE TABLE DE MORTALITÉ
"lire" une table de mortalité
Les développements qui suivent sont consacrés à la question : "comment lire une table de mortalité" ? Rien de nouveau ne sera introduit ici, répondre à la question posée ne requiert pas la connaissance de nouvelles notions, mais bon sens et logique.
Q. : Comment lire une table de mortalité ?
R. : Selon les conditions d'interprétation qu'implique sa logique de construction !
En d'autres termes on peut dire que tout ce qui est écrit dans une table de mortalité ne se comprend que comme résultat de la simulation des effets d'une loi de mortalité - mesurant des conditions effectives de mortalité - sur une cohorte imaginaire d'effectif initial égal à une puissance de 10.

Compte tenu de ces conditions générales d'intelligibilité des tables de mortalité nous allons voir quelles sont les significations particulières qu'il est possible de donner aux quantités numériques qui apparaissent dans une table de mortalité. Une table de mortalité offre deux angles de lecture : une interprétation qui sera dite concrète, une interprétation en pour S0

C'est cette possibilité d'une double lecture des mêmes quantités numériques qui fait l'intérêt (le charme ?) des tables de mortalité. Nous allons les envisager successivement.

lecture 1 . dite : concrète








On lit les quantités de la table comme des
nombres d'individus ou des nombres de décès, qui surviendraient si ... un groupe de 10n personnes était soumis aux conditions de mortalité ayant effectivement prévalu dans un groupe humain.

Les schémas ci-contre énoncent la signification des nombres de la table dans cette première approche de lecture.






lecture 2 : en pour S0




Une autre lecture de ces quantités numériques est possible, lorsqu'on les interprète comme étant l'expression de valeurs de rapports exprimées pour S0


Les schémas ci-contre énoncent la signification des nombres de la table dans cette seconde approche de lecture.
E. TABLE DU MOMENT ? DE GÉNÉRATION ?
les deux aspects des processus démographiques















Une difficulté de lecture — et donc d'utilisation — des tables de mortalité tient au fait que sous la même présentation peuvent se rencontrer deux types fort différents de description de la mortalité. Il existe deux types distincts de tables de mortalité , qu'il conviendra pour une bonne interprétation — et donc utilisation des données lues — de nettement distinguer : les tables dites du moment et les tables dites de génération. Les deux types de tables de mortalité correspondent aux deux aspects d'étude des processus démographiques : transversal et longitudinal.

Lorsqu'on dispose d'observations des décès survenus à chaque âge , sur une longue période — ainsi que d'évaluations périodiques de l'état de la population (nombres de personnes présentes dans le pays à chaque âge) — il est possible décrire l'histoire de la mortalité dans cette population selon deux angles d'analyse distincts. On peut organiser les observations démographiques en coupes verticales, transversales, successives correspondant aux conditions de mortalité du moment. On peut aussi les organiser en coupes diagonales, longitudinales, correspondant aux conditions de mortalité des générations successives. Chacune de ces approches rend compte d'un des aspects du phénomène étudié. Aucune n'est plus pertinente que l'autre, ni plus réelle. Il n'y a donc pas à préférer l'une à l'autre, ou à les hiérarchiser.
les deux types de tables de mortalité : du moment et de génération







Une table de mortalité du moment, rend compte des conditions de mortalité qui ont prévalu, dans une population au cours d'une période donnée (par exemple : l'année civile 1899).

Une table de mortalité de génération rend compte des conditions de mortalité auxquelles une génération a été soumise, tout au long de la centaine d'années de son histoire. (par exemple : la génération 1899, qui a traversé le XXème siècle).

comment distinguer en pratique les deux types de tables de mortalité ?





Comment savoir si une table de mortalité est "du moment" ou "de génération", qu'est-ce qui, en pratique, permet de distinguer l'une de l'autre ? quels sont les critères qui permettent d'identifier sans erreur le type dont relève une table de mortalité donnée ?
La différence est manifeste sur un diagramme de Lexis.

En revanche, sous la forme tableau, rien ne ressemble plus à une table de mortalité qu'une autre table de mortalité. La différence entre une table du moment et une table de génération ne saute pas aux yeux, elle n'apparaît que si on est attentif ! Elle n'est indiquée que dans l'intitulé de la table.



Prudence et vigilance requises.



réalité et fiction dans l'interprétation des quantités de table.













Qu'elles soient du moment ou de génération, les tables de mortalité sont toujours des tables de mortalité (!).

J'énonce cette évidence pour rappeler les conditions générales d'interprétation des tables de mortalité, conditions générales parce que conditions fondamentales, valant pour toutes les tables de mortalité, qu'elles soient du moment ou de génération.

Les quantités de table résultent de la simulation des effets de conditions données de mortalité par âge sur une cohorte imaginaire.

Les conditions particulières d'interprétation, distinctes pour les tables de génération et du moment viennent compléter les conditions générales

Cette fiction de la cohorte imaginaire ne pose pas de problème de compréhension lorsqu'elle est utilisée pour rendre compte de la mortalité d'une génération réelle : on présente en longitudinal une réalité longitudinale.

Par contre, l'interprétation est beaucoup moins intuitive, la compréhension plus difficile, lorsqu'il s'agit de tables du moment. On y présente en effet en longitudinal une réalité transversale.


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