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Samuel H. Preston, Patrick Heuveline & Michel Guillot : « Demography, measuring and modeling population processes. », publié chez Blackwell en 2001. Bibliothèque Maurice Halbwachs cote [304.601 PRES] entré 2006.
Chapitre 1. Concepts et mesures fondamentaux.
1.1. Le sens de « population » 1.2. L’équation-bilan (balancing equation) d’évolution de la population (population change) 1.3. La structure des taux (rates) en démographie 1.4. Taux du moment (period rates) et personne-années (person-years) 1.5. Principaux taux du moment (period rates) en démographie 1.6. Taux de croissance (growth rates) en démographie 1.7. Évaluer les Personne-Années (person-years). 1.8. Le concept de cohorte (cohort)
1.9. Probabilité de survenue des événements (probability of occurrence of events).
1.2. L’équation-bilan (balancing equation) d’évolution de la population (population change)
Quelle que soit la manière dont une population est définie, il n’y a que deux façons d’y entrer : naître dedans ou migrer dedans. Si la définition de la population comporte en plus des habituelles caractérisations géographiques/temporelles un qualificatif social, la « migration » pourra consister en un changement de situation sociale, processus souvent appelé « mobilité sociale ». Par exemple, on peut entrer dans la population des américains diplômés du second cycle par la réussite au diplôme, ce qui constitue une forme de migration sociale ou de mobilité sociale. Remarquez dans cet exemple qu’on ne peut pas entrer dans cette population à la naissance puisqu’il faut consacrer des années à l’acquisition de la qualification de diplômé de second cycle. Des populations définies par état matrimonial ou activité sont d’autres exemples de population dans lesquelles on ne peut normalement pas entrer par naissance (sauf pour les états par défaut : célibataire ou inactif). A l’inverse on ne peut entrer dans les populations définies par les caractéristiques fixées à la naissance, comme le sexe, la communauté ethnique d’origine, le lieu de naissance (nativity) par la migration mais seulement par la naissance. C’est ainsi qu’il y a au plus deux manières d’entrer dans une population : la naissance et la migration-au-dedans (in-migration).
De la même manière, il y a au plus deux manières de quitter une population : la mort et la migration-au-dehors (out-migration). On peut quitter toute les populations par la mort, mais seules celles qui sont définies par des caractéristiques non fixées à la naissance peuvent être quittées par migration. Si on est né aux États-Unis, on ne peut quitter la population des personnes nées aux Etats-Unis par migration, mais on peut évidemment quitter la population des résidents aux Etats-Unis par migration.
Du fait qu’il n’y a que quatre manières d’intégrer ou de quitter une population, on peut être sûr que les variation de taille d’une population sont à attribuer à l’importance de ces flux. De manière détaillée :
P(T) = P(0) + N[0 ,T] — D[0 ,T] + I[0 ,T] – E[0 ,T] (1.1)
où :P(T) = nombre de personnes vivantes dans la population au temps T
P(0) = nombre de personnes vivantes dans la population au temps 0
N[0 ,T] = nombre de naissances dans la population entre le temps 0 et le temps T
D[0 ,T] = nombre de décès dans la population entre le temps 0 et le temps T
I[0 ,T] = nombre de migrations d’entrée entre le temps 0 et le temps T
E[0 ,T] = nombre de migrations de sortie entre le temps 0 et le temps T
Dans cette équation l’unité de temps — comme également dans tout ce livre sauf mention contraire — est le nombre d’années. Ainsi la période de temps au cours de laquelle ont lieu les naissances, les décès, et les migrations a une durée de T années. T peut être fractionnaire, et n’est pas nécessairement un nombre entier.
Kenneth Boulding a dit de cette équation qu’elle était la plus fondamentale des sciences sociales. C’est évidemment beaucoup plus une identité qu’une approximation ou qu’une relation hypothétique. Cependant, quand on utilise des données pour évaluer les éléments de cette équation on n’est plus dans la situation où les deux membres seront nécessairement égaux. Toute erreur de mesure d’un des éléments va entraîner un déséquilibre dans l’équation, à moins qu’il ne se trouve que deux erreurs, ou plus, se compensent exactement. On nomme parfois un déséquilibre dans le bilan « erreur de clôture ».
L’encadré 1.1 détaille l’application de l’équation aux données suédoises, qui sont parmi les plus fiables au monde.
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